
Après l’apparition d’outils comme ChatGPT pour la génération de textes en langage naturel ou encore DALL-E et MidJourney pour la création d’images, d’autres outils permettant de recréer librement la voix de vrais artistes sont aussi apparus.
L’intelligence artificielle aux Grammys ?
« Heart On my Sleeve » voilà le titre d’une chanson qui fait le tour des réseaux sociaux en ce moment et ce, pour plusieurs raisons. L’auteur a utilisé un outil d’intelligence artificielle (IA) et s’en est servi pour modeler la voix de Drake et celle de The Weeknd. La chanson a même été soumise aux Grammy Awards. Ces caractéristiques ont intrigué les réseaux et contribué à la popularité du morceau, à tel point que Harvey Mason Jr, le directeur de la Recording Academy, entreprise à l’origine des Grammys Awards, a déclaré que la chanson était éligible pour le concours, étant écrite par un humain.
Seul problème, l’auteur de la piste, connu sous le nom de Ghostwriter977 a utilisé ces voix sans le consentement des deux artistes. Le 8 septembre, Harvey Mason Jr est finalement revenu sur ses propos en expliquant que les deux artistes n’ont jamais donné leur accord pour apparaître sur un tel projet. Le morceau « Heart On My Sleeve » sorti en avril 2023 n’est donc pas éligible car les deux voix n’ont pas été obtenues de manière légale, il a également été retiré des plateformes de streaming sous la pression des labels.
Vers un début de législation ?
Plus largement, cette affaire montre qu’il existe une zone grise de la législation autour des outils d’intelligence artificielle dans le secteur de la musique. L’IA engendre des problèmes de droits d’auteurs liés à l’imitation des voix mais aussi à la rémunération des artistes et des majors, c’est à dire les principaux labels sous les noms desquels les artistes publient leurs projets. Tous ces éléments montrent que l’industrie de la musique n’est pas encore totalement prête à accueillir l’IA bien que des normes apparaissent déjà. Ainsi, la Recording Academy a commencé à établir de nouvelles règles concernant la soumission des chansons, seuls les humains étant éligibles à une nomination aux Grammys.
Apport de l’IA pour la culture
Pour autant, « Heart On My Sleeve » n’est pas la première piste réalisée via de tels outils. De nombreux morceaux d’artistes, vivants ou décédés, réalisés par des fans ont fait surface sur Internet ces derniers mois. Par exemple, la voix du défunt rappeur américain Juice WRLD apparaît dans « These Days » avec un résultat assez proche de la réalité. Même Paul McCartney du célèbre groupe des Beatles a déclaré avoir utilisé l’IA pour un nouveau projet. Plus récemment, la voix de l’artiste belge Angèle a été utilisée sur « Saiyan », un titre initialement interprété par les rappeurs français Heuss L’enfoiré et Gazo. Cette nouvelle version de la chanson a d’ailleurs cumulé plus de trois millions de vue sur YouTube en seulement un mois, preuve d’un certain succès de cette reprise.
Bien que l’intelligence artificielle ait déjà été utilisée auparavant comme dans le morceau « Daddy’s Car », créé dans le style des Beatles et posté en 2016 par Sony CSL (Computer Science Laboratories), le futur de la musique se joue maintenant avec une question centrale:
Comment intégrer l’intelligence artificielle dans le monde de la musique pour que personne ne soit lésé ? Que ce soit les artistes, les compositeurs, les producteurs/beat-makers, les maisons de disque et enfin les auditeurs, tous sont concernés par cette avancée technologique.
Une affaire à suivre donc…
Sources: nytimes, franceinfo, telerama.
Pierrick Mouëza